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Barrage de Bimont (1946 – 1952)

Vue de la retenue et du barrage de Bimont avec le massif de la Montagne Sainte-Victoire

Historique du projet :

Construit sur la période 1946-1952, le barrage de Bimont fait partie des dernières extensions du canal du Verdon destiné à alimenter en eau les villes de Marseille et d’Aix-en-Provence et plus largement le département des Bouches-du-Rhône. Il fait suite à la construction du canal de Marseille (1834-1851), du canal Zola (1837-1854) et du canal du Verdon (1857-1875).

C’est en 1932 que l’ingénieur du Génie rural Joseph Rigaud soumet au Conseil Général des Bouches-du-Rhône le projet de construction du barrage de Bimont dans le ravin de l’Infernet, en aval du barrage de Zola, afin de constituer une grande réserve d’eau à partir des eaux d’hiver amenées par le canal du Verdon et de celles du massif de la Sainte-Victoire afin de desservir les cantons de Gardanne et Trets. Dans son projet, Joseph Rigaud envisage également la construction d’autres barrages (Roques-Hautes, Chicalon, Pré-Magnan) afin d’amener de l’eau jusque Marseille et même La Ciotat. Dans le cadre des discussions avec les différentes collectivités concernées, de 1932 à 1937, Joseph Rigaud revoit son projet à la baisse en ne gardant que les deux barrages de Bimont et Roques-Hautes. Le 4 mai 1937, le Conseil Général des Bouches-du-Rhône décide de lancer une première étape du projet avec une concession pour la réalisation des travaux et l’exploitation du barrage de Bimont. Mais la procédure est interrompue par la seconde guerre mondiale. 

Dès le lendemain de la Libération, profitant du fait que Félix Gouin, député des Bouches-du-Rhône est aussi le Président du gouvernement provisoire de la France, le 7 décembre 1945 le projet de construction du barrage de Bimont est accepté avec une participation de l’Etat. Le financement du barrage est assuré en grande partie par des prêts du plan américain Marshall destiné à aider la reconstruction des villes et installations bombardées, en échange d’une importation d’équipements et de produits américains.

Description de l’ouvrage :

Il s’agit d’un barrage voûte en béton à double courbure s’appuyant sur deux culées en rives. Il a une hauteur maximale de 86,50 m, une épaisseur en pied de 17,40 m, une épaisseur en crête de 4,30 m, et une longueur en crête de 180 m. Il est constitué de 15 plots verticaux de 12 m de large.

Il a une capacité maximale de 40 Mm3 et une capacité d’exploitation normale de 25 Mm3. Le débit délivré en aval est en moyenne de 1,5 m3/s, et au maximum de 3,2 m3/s. Le volume moyen annuel transitant  par le barrage est d’environ 50 Mm3.

Il  est implanté dans un site calcaire comportant quelques failles et sites karstiques qui ont été injectés. La qualité des appuis est assurée par des injections de ciment effectuées sur toute la périphérie des fondations, sur une profondeur moyenne de 50 m.

Il compote des ouvrages annexes dont 2 vidanges, un évacuateur de crues comportant 2 pertuis de 2,50 m par 3 m et capable de déverser 150 m3/s, 2 micro-centrales d’une puissance installée de 1,5 MW, et un contre-barrage implanté au pied du barrage à l’aval, créant une retenue d’une dizaine de mètres de profondeur et destiné à dissiper l’énergie générée lors de l’utilisation des vidanges et de l’évacuateur de crues.

C’est en 1963 que le barrage de Bimont et toutes les extensions du canal du Verdon sont intégrés dans la concession attribuée à la Société du Canal de Provence et d’Aménagement de la Région Provençale (SCP) créée en 1957. Le barrage de Bimont constitue donc un maillon essentiel de la sécurisation de l’alimentation en eau des régions aixoise et marseillaise, grâce à l’eau du bassin versant de l’Infernet et surtout à celle du Verdon qui représente 90 % des apports en eau. Il fournit également une production d’électricité de plus de 4 GWh par an et comporte un système de pompage-turbinage.

Pose de la première pierre le 26 avril 1946 (Photo SCP, ©Henry ELy)

La construction du barrage :

Les travaux commencent vers la fin de l’année1946 et sont confiés après concours (sur un avant-projet du Cabinet Guerrier) à l’Entreprise Française de Constructions et de Travaux Publics en participation avec les Entreprises Métropolitaines et Coloniales. Le projet définitif est dû au bureau d’études André Coyne et Jean Bellier. La pose de la première pierre a lieu le 26 avril 1946 par Félix Gouin. Le  président de la République Vincent Auriol visite le chantier le 21 septembre 1947. 

Le barrage de Bimont a nécessité la fabrication de 120 000 m3 de béton. Le ciment utilisé provient de l’usine Lafarge de Valdonne ; il est approvisionné par camions et est stocké sur site dans un silo de capacité 500 t. La centrale à béton se compose d ‘une installation Hobbs avec bennes volumétriques et de deux bétonnières Richier. Le transport du béton se fait par train de 2 bennes de 1 m3 tirées par des locotracteurs, ces bennes étant reprises par deux grues à tour qui les déversent dans les plots du barrage. Le béton est ensuite vibré à l’aide de pervibrateurs assez puissants pour mettre en oeuvre un béton « sec » de rapport E/C égal à 0,5, avec un dosage en ciment de 300 kg/m3. Les granulats proviennent d’une carrière ouverte sur la rive droite, à 600 m en aval du barrage.

Les dates clés :

  • 1946, la première pierre ;
  • 1947, l’installation du chantier ;
  • 1948-1949, le démarrage des travaux ;
  • 1950-1951, la fin de la construction ;
  • 1952, l’inauguration du barrage.

Le barrage a été partiellement mis en eau début avril 1951, ce qui a permis de constater l’étanchéité du fond de la retenue. Puis son remplissage s’est poursuivi. Il a été inauguré par le ministre de l’Agriculture M. Camille Laurens le 21 avril 1952 en présence du président du Conseil Général M. Tourenc et de l’ingénieur en Chef du Génie rural M. Raynaud. Il a couté environ 3,7 Milliards de Francs.

 

Exploitation du barrage :

En 1960, des fissures sont découvertes sur le plot 2 en rive droite, et après des études, c’est en 1970 que l’on explique ces fissures par un gonflement du béton dans certaines zones bien identifiées du barrage. Ce gonflement est dû à une réaction sulfatique interne qui résulte de l’utilisation de ciments insuffisamment refroidis employés en mi-août et mi-septembre 1949, suite à une grève au sein de la cimenterie. Une surveillance de ces fissures est alors mise en œuvre.

En 1972 a lieu le remplissage à la côte maximale de 341 m. En 1969 et 1999, des vidanges du barrage ont lieu pour inspecter le parement amont, les autres inspections décennales se faisant par des plongeurs et des robots subaquatiques.

Entre 2015  et 2019, après une constatation de l’arrêt du gonflement, est entreprise une rénovation lourde du barrage avec le remplissage des fissures par du coulis de ciment, la pose de 3 000 m2 d’étanchéité, le forage de 700 m cumulés de drains, la  mise en œuvre de 4 tirants d’ancrage, l’amélioration du dispositif d’auscultation et la rénovation des équipements (voir références).

Pour en savoir plus :