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CONSIDERE Armand

(1841 – 1914)

Inventeur du béton fretté (Système Considère)

Inventeur du béton fretté, l’œuvre de Considère est toute entière traversée par un souci de mettre en pratique la « méthode expérimentale » au service du progrès technologique.

Après sa sortie de l’Ecole des ponts et chaussées en 1865, Armand Considère est affecté en Bretagne  à Morlaix, puis à Reims en 1871 où il est chargé du service ordinaire, de la navigation et de l’hydraulique.

En 1875 il demande à être mis en congés de l’Administration pour aller travailler dans le privé. C’est lors de son passage aux forges stéphanoises de la Chaléassière qu’il met au point une nouvelle méthode de production de l’acier sans soufflures, brevetée en 1876. Réintégrant l’administration en 1883, il s’intéresse toujours aux problèmes de résistance mécanique à la rupture du fer et de l’acier, mettant en avant le phénomène jusqu’alors négligé de la striction, qui sépare la délicate frontière entre régimes d’élasticité et de rupture. De même s’intéresse-t-il au phénomène d’écrouissage. Tous ces résultats en font un militant de l’acier.

Revenu dans l’Administration, il est chargé en 1888 de la construction du réseau d’intérêt local breton, autour de Carhaix, où une fameuse polémique (1892-1894) sur les formules économiques d’exploitation l’oppose à Colson.

Jusqu’à la fin de sa vie, à la suite de nombreuses expérimentations, Armand Considère devient un promoteur du béton armé, et plus particulièrement du béton fretté par spires hélicoïdales. En décembre 1901, il dépose le brevet du béton fretté no 316.882. En 1903 il construit à Ivry un pont expérimental de type bow-string, maquette à l’échelle 1/3 de la travée centrale d’un pont qu’il projette à Plougastel.

Système Considère à base de béton fretté.
Le pont Hardi de la chocolaterie Menier à Noisiel (© B. Godart)

Mais, côté administration, ses vues se heurtent à de fortes réticences : l’École des ponts et chaussées lui refuse l’enseignement de pointe relatif au béton armé, qu’il sollicite en 1902, tandis qu’au sein de la commission du ciment armé, chargée de définir un règlement officiel d’application du béton armé dans les travaux publics, ses recommandations, jugées trop hardies, ne seront que partiellement prises en compte dans le règlement de 1906, et qui restera en vigueur jusqu’en 1934.

C’est pourquoi, aussitôt parvenu à la retraite, en 1906, il s’empresse de fonder son propre bureau d’études, puis s’associe avec son gendre Louis Pelnard, ingénieur des Mines. Sur les conseils de Résal, deux ans avant sa mort, il s’assure le concours de Caquot, et le bureau d’études ainsi élargi obtiendra de très nombreuses commandes de constructions en béton armé.

Au sein de son bureau d’études, Armand Considère peut mettre en pratique ses innovations en construisant notamment, en 1906, un pont sur la Sée à Avranches et le pont Hardi au-dessus d’un bras mort de la Marne, pour la chocolaterie Menier à Noisiel ; il y construit aussi la structure en poteaux et poutres de béton fretté du nouveau bâtiment de production, appelé « cathédrale » pour son côté spectaculaire.

Les qualités combinées de théoricien et d’expérimentateur firent de Considère un innovateur fécond, un pionnier parfois déçu par certaines inerties de son milieu.