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GARNIER Tony

(1869-1948)

Le gone devenu le grand architecte de Lyon.

Tony Garnier est un enfant de Lyon. Né le 13 août 1869 dans le quartier populaire de la Croix-Rousse, de parents qui travaillent tous deux dans le secteur de la soierie. Ses origines modestes n’étaient pas particulièrement propices à une orientation vers l’architecture, mais ses talents en dessin et son obstination lui permettent d’intégrer en 1886 l’école des Beaux-Arts de Lyon, puis en 1890 celle de Paris, et de gravir progressivement les échelons jusqu’à obtenir le Prix de Rome en 1899, une consécration pour les architectes. Ce prix lui permet de séjourner à l’Académie de France à Rome (Villa Médicis) pendant trois ans. Mais il ne suit pas tout à fait les règles de l’institution : plutôt que de relever et dessiner les antiquités de la ville éternelle, il préfère se consacrer au projet d’une “Cité industrielle”, sorte de ville idéale de 35 000 habitants.

Tony Garnier est particulièrement sensible à la condition sociale de ses contemporains, peut-être parce que lui-même a connu la pauvreté. Il s’intéresse d’ailleurs de très près aux équipements sanitaires (hôpitaux, dispensaires), éducatifs (écoles, centres de formation) et au logement social. Si elle n’est pas comprise par la plupart de ses contemporains, l’œuvre de Tony Garnier est saluée par les générations suivantes, notamment les plus avant-gardistes comme Le Corbusier qui voit son aîné comme un pionnier de l’architecture moderne. Il est ainsi le premier à faire un usage extensif du béton armé dans des édifices publics.

Après la construction de La vacherie du parc de la Tête d’Or (1904-1905), destinée à fournir du lait aux bébés lyonnais, sa première réalisation majeure est celle des abattoirs et du marché aux bestiaux de la Mouche (1906 -1914, avec une inauguration finale en 1928), architecture révolutionnaire pour l’époque et qui est maintenant la Halle Tony Garnier, salle de concerts et de spectacles. Cette réalisation marque les débuts d’une longue collaboration entre l’architecte et le maire de la ville, Édouard Herriot. Ce dernier, élu en 1905, fait la connaissance de Tony Garnier alors que le projet est déjà lancé. D’abord prudent, Herriot mesure les compétences de l’architecte et estime qu’il peut s’agir d’un homme capable de mener les grands travaux que nécessite la troisième ville de France. Tony Garnier reçoit alors plusieurs commandes de la ville de Lyon et réalise, morceaux par morceaux, les grands équipements de son projet de “Cité industrielle”.

Les abattoirs de la Mouche ou Halle Tony Garnier

Il conçoit en 1909 l’hôpital Grange-Blanche (rebaptisé depuis hôpital Édouard-Herriot) avec l’objectif de bâtir un complexe hospitalier selon les principes les plus modernes ; il sera construit entre 1911 et 1933 selon une organisation d’hôpital pavillonnaire comportant 32 pavillons reliés par un système de galeries souterraines. Il travaille en même temps au projet de l’Exposition internationale de Lyon qui se tient en 1914 à l’extrémité du confluent entre le Rhône et la Saône, et pour laquelle il entame en 1913 les travaux du Stade de Gerland qui seront interrompus par la guerre ; le stade est ouvert en 1920 et officiellement inauguré en 1926 où il permet d’accueillir environ 30 000 spectateurs.

Son dernier grand chantier concerne le logement : la Cité des États-Unis, située dans le 8e arrondissement de Lyon, et destinée à loger, dans les conditions les plus favorables (eau, chauffage, électricité), environ 12 000 personnes. De part et d’autre du large boulevard des Etats-Unis, des immeubles ponctués de fenêtres en saillie se succèdent en enfilade. Il s’agit là du premier ensemble d’habitations bon marché de France, réalisé entre l920 et 1934. Avant d’être un musée à ciel ouvert, cet ensemble d’immeubles était le projet d’une “Cité idéale” que l’architecte avait nommé “La Cité industrielle”, une cité très fonctionnelle avec de grands espaces, de l’ensoleillement et de la verdure. Mais il doit composer avec les impératifs budgétaires et rajouter 2 étages à ses immeubles d’habitation, qu’il avait initialement imaginés de hauteur plus modeste.

Après la Première Guerre mondiale, Tony Garnier se lance dans de nombreux projets d’édifices funéraires, souvent grandioses dont le plus emblématique est un gigantesque temple à l’antique sur la colline de la Croix-Rousse Ce dernier ne verra pas le jour, et il sera remplacé par un autre monument toujours de Garnier, sur l’île-aux-cygnes du parc de la Tête d’or, inauguré en 1930. Il construit aussi des bâtiments plus modestes comme les villas néo-romaines de Saint-Rambert et de Saint-Didier-au-Mont-d’Or, l’hôtel de ville de Boulogne-Billancourt (1931-1934) édifié à la demande du député maire André Morizet, le central téléphonique Moncey (1929-1933, Lyon 3e arr.), ou encore les nouveaux locaux de l’école de tissage (1927-1934, Lyon 1er arr.)

Musée urbain Tony Garnier (Designers de CitéCréation)

En 1938, Tony Garnier quitte définitivement Lyon pour prendre sa retraite à Roquefort-la-Bédoule où il décède le 19 janvier 1948. En 1949, son corps est transféré dans le caveau familial, au cimetière de la Croix-Rousse à Lyon.

A noter que quelques 70 ans après la construction de la cité des Etats-Unis (ou cité Tony Garnier), ses habitants mobilisent les décideurs et élus de la Ville de Lyon afin de réhabiliter leur cité. Les travaux de rénovation s’étalent entre 1985 et 1997. Suite à cette initiative populaire pour valoriser leur quartier, 24 murs aveugles sont alors peints sur toute leur hauteur. Ils composent un musée à ciel ouvert exaltant l’œuvre de l’architecte et urbaniste. A partir de 1988, les designers de CitéCréation conçoivent et réalisent des peintures monumentales sur ses murs. C’est la naissance du musée urbain Tony Garnier.

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