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PERRONET Jean-Rodolphe

(1708 - 1794)

Un ingénieur à la carrière exemplaire

Remarqué par Trudaine- intendant des finances chargé du détail des Ponts et chaussées – alors qu’il travaille avec zèle à la généralité d’Alençon, il a pour mission de former géomètres et dessinateurs des plans et cartes pour leur permettre de remplir avec compétence les différents emplois des Ponts et chaussées. Cette formation s’étendra bientôt à celle des ingénieurs des Ponts et chaussées et au contrôle de leur action dans les Généralités où ils sont envoyés. Ainsi commence l’histoire de la plus ancienne école d’ingénieur française, qui devient en1775, l’école royale des Ponts et chaussées.

L’organisation de l’Ecole est l’oeuvre de prédilection de Perronet. Il s’y consacre avec compétence et dévouement tout au long de sa vie.

Animateur et pédagogue, Perronet est aussi le véritable « père spirituel » des 350 ingénieurs qu’il a formé au cours des 47 ans de sa carrière de directeur, mais aussi placé une fois leur diplôme acquis et souvent suivi et conseillé au cours de leur vie professionnelle. Son empreinte est toujours vivante aujourd’hui malgré les réformes de ses successeurs, notamment Lamblardie et Prony.

L’œuvre de l’ingénieur Perronet est tout aussi remarquable et novatrice que celle du gestionnaire. En atteste la vingtaine de ponts qu’il projette ou fait construire, dont ceux de Mantes, de Pont-Sainte-Maxence, de Neuilly et de la Concorde à Paris. Formé à l’architecture dès l’âge de dix-sept ans et travaillant pendant dix ans au côté de Debeausire, Premier architecte de la Ville de Paris, il rompt cependant avec les théories constructives traditionnelles héritées des romains et du moyen-âge et propose de nouveaux modèles d’ouvrages d’art.

Constructeur de plus de 2500 km de routes plantées, lorsqu’il est à la Généralité de Paris, mais aussi hydraulicien avec le projet du canal de l’Yvette et de la Bièvre pour alimenter Paris en eau potable, il intervient également sur les rades de Cherbourg et de Saint-Jean-de-Luz, les ports du Havre, de Dunkerque et de Saint-Domingue, et donne également son avis sur une multitude d’autres projets.

Construction du pont de la Concorde

Nommé en 1763 « Premier Ingénieur », Premier Architecte, associé libre de l’Académie des sciences, membre de l’Académie d’architecture de 1757 à 1786, Inspecteur général des Salines, puis en 1768 l’un des trois directeurs de la Carte de Cassini, il est anobli par Louis XV en 1763 et fait Chevalier de l’ordre de Saint-Michel. Ses mérites sont également honorés par la Révolution naissante qui, par un vote de l’Assemblée Constituante de 1791, lui octroie une rente de 22 600 livres « à raison de ses longs et excellents services ».

L’ami de Voltaire, Diderot, Buffon et Belidor, le « Vauban des Ponts et Chaussées », s’éteint le 9 ventôse de l’an II (27 février 1794) dans un modeste pavillon proche du pont Louis XVI (pont de la Concorde) dont l’achèvement en 1791, couronnait une carrière exemplaire.