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RICHARD Pierre

(1927 – 2001)

Un ingénieur constructeur, père des BHP et des BFUP

Pierre Richard est né le 10 février 1927 à Villeurbanne (Rhône). A sa sortie de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Industries de Strasbourg (ENSAIS), il entre en 1951 au bureau d’études Jean Clet à Lyon. Puis, de 1962 à 1967, il travaille aux Services Techniques du secteur Est du Département de la Seine où il est chargé des études et des travaux routiers et autoroutiers de ce qui va devenir le département de la Seine Saint Denis ; en particulier, il sera en charge des études de plusieurs ponts sur l’autoroute du Nord ainsi que de l’échangeur et du parking de la Porte de Bagnolet.

En 1967, il rejoint l’entreprise Bouygues comme Directeur de la filiale d’études des travaux publics de l’entreprise (Engineering et Ouvrages d’Art) où il met en œuvre ses talents de chercheur et d’innovateur en premier lieu dans le domaine de la préfabrication et des méthodes, techniques et engins de construction.

En 1967, l’entreprise Bouygues remporte le marché de la construction du Stade du Parc des Princes à Paris (architecte Roger Taillibert) sur un projet de Pierre Richard qui propose de construire le stade à l’aide de voussoirs préfabriqués en béton avec des poutres consoles précontraintes pour supporter la toiture. Quelques années plus tard il devient Directeur Scientifique du Groupe Bouygues. Il développe alors des poutres de lancement métalliques de grande ampleur comme celle de 285 m de long utilisée pour la construction du pont de l’île de Ré en 1987-88.

(© Bouygues Construction)

Il invente les structures triangulées en béton à précontrainte entièrement extérieure, qui aboutiront à la construction du pont de Bubiyan au Koweit entre 1981 et 1983 (pont de 2380 m de long avec diagonales en béton armé) et à la construction en 1989 des viaducs de Sylans et Glacières sur l’A40, avec des diagonales précontraintes.  

A partir de 1982, ses recherches s’orientent vers le matériau béton et il travaille alors sur les bétons à hautes performances (BHP). Ses études aboutissent en 1986 à une utilisation industrielle des BHP, notamment pour les voussoirs du pont de l’ïle de Ré (1987-1988), le pont expérimental de Joigny sur l’Yonne (1988-1989, premier pont entièrement en BHP), les mégapoutres précontraintes de la Grande Arche de la Défense (1989), le pont de Normandie (1991-1993) et la bibliothèque nationale de France (1990-1995). De 1985 à 1995, Pierre Richard aura donc été à l’origine de la construction par la société Bouygues d’une grande diversité d’ouvrages réalisés en BHP, en France et dans le monde.

S’inspirant des recherches menées au laboratoire de Aalborg Cement au Danemark dans les années 1980 par le professeur H. Bache sur des bétons CRC (Compact Reinforced Composite) plutôt orientés vers la production d’éléments préfabriqués, Pierre Richard se tourne alors vers l’emploi de superplastifiants et de fumées de silice pour combler les “vides” présents dans la structure des bétons et invente en 1990 le Béton de Poudres Réactives : BPR (alias Béton Pierre Richard pour certains…), breveté à l’international en 1994. Il vise à la fois des applications civiles et militaires pour ce béton dont la résistance en compression peut atteindre entre 200 et 800 MPa.

Travaux de construction de la Grande Arche de la Défense. (© Bouygues Construction)
(© Bouygues Construction)

Puis il optimise son nouveau matériau en s’associant avec Lafarge et Rhodia, ce qui donnera naissance à un BFUP (Béton Fibré à Ultra hautes Performances) connu sous le nom commercial de Ductal. Sa première utilisation est faite au Québec, en 1997, avec la passerelle piétonne de Sherbrooke (pont à poutre triangulée avec dalle d’épaisseur 30 mm) : elle sera suivie en 2002 par la construction de la passerelle de la Paix à Séoul (arc de portée 120 m, épaisseur de dalle 30 mm, architecte Rudy Ricciotti).