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VICAT Louis

(1786 - 1861)

L’inventeur du ciment artificiel

Son ambition était d’être poète… Mais aujourd’hui, on utilise partout dans le monde le béton qu’il inventa en 1817 dont la caractéristique est de conserver ses capacités sous l’eau, ouvrant ainsi la voie pour l’industrialisation des liants hydrauliques.

Dans le curé de campagne, Balzac fait l’éloge de celui qui a fait faire le seul progrès à la science des constructions. Depuis 1889, son nom figure également au côté des 71 autres savants et ingénieurs illustres – dont Cauchy, Belgrand, Fresnel, de Prony – mentionnés par Eiffel, sur la grande frise extérieure, au-dessus du premier étage de la Tour, face sud.

Pendant les dix années que dure la construction du pont de Souillac – vue la lenteur des financements – Vicat cherche une nouvelle matière capable de durcir rapidement sous l’eau pour remplacer le mortier à prise lente, mélange de chaux grasse et de scories de forge, préconisé à l’époque par le Conseil général des Ponts et Chaussées.

Comme d’autres à la même époque il essaie de percer le secret du fameux « ciment » romain, capable de durcir sous l’eau et d’y résister pendant des siècles comme en témoignent encore plusieurs ouvrages dont le Pont du Gard.

Suite aux observations sur les chaux faites en Angleterre par Wyalls, Parker et Smeaton, en Suède par Bagge et en France par Chaptal, il analyse les propriétés des constituants des liants hydrauliques naturels qu’il trouve dans les grottes près de Souillac et, dépassant les travaux de ses contemporains, procède à leur synthèse en modifiant les dosages de ces éléments. En1817,le ciment artificiel, « l’or gris »,est né ! Vicat développe alors une véritable théorie de l’hydraulicité, qu’il présente la même année à l’Académie des Sciences pour faire taire les suspicions. Prony, Gay-Lussac et Girard en feront un compte-rendu élogieux.

Pont de Souillac ( © Vicat)

Premier ouvrage au monde réalisé avec du ciment artificiel

Fours dits « biberons » ( © Vicat)

Cimenterie de Genève-de-Vif

Recherches expérimentales sur les chaux de construction, les bétons et les mortiers ordinaires où il évoque la fabrication simple mais précise de la chaux hydraulique dont les qualités surpassent celles de la chaux naturelle produite empiriquement par le hasard par cuisson d’un mélange finement broyé et préalablement dosé de calcaire et d’argile. Il invente également « l’aiguille Vicat » pour déterminer le temps de prise. La facilité, la Rapidité de fabrication et les économies induites par ce produit lui valent de nombreuses distinctions.

Après ses études sur les pouzzolanes artificielles comparées à la pouzzolane d’Italie, en 1846, son fils Joseph (1821-1900) ancien de Polytechnique participe également à ses recherches sur les causes chimiques de la destruction des composants hydrauliques par l’eau de mer et sur les moyens d’apprécier leur résistance à cette action. Ce dernier construit la première usine de la Société Vicat à Genevrey-de-Vif, près de Grenoble, pour fabriquer le ciment naturel, artificiel et maritime, puis une seconde en Grande Chartreuse à la Pérelle pour le ciment prompt. C’est encore un descendant de Vicat qui anime le groupe aujourd’hui.

Généreux, désintéressé, Louis Vicat ne dépose pas de brevet pour son invention, mais au contraire conseille bénévolement les industriels qui se lancent alors dans la fabrication du ciment.