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GROSSE Léon

(1925 – 2014)

Une figure emblématique et charismatique du BTP.

L’histoire de l’entreprise générale Léon Grosse commence en 1881, à Aix-les-Bains (73). Son fondateur, Léon Grosse (1856 – 1941) élargit très vite les activités de son entreprise de plâtrerie-peinture à la maçonnerie, puis aux travaux publics, en acquérant en 1901 la concession du procédé Hennebique pour le béton armé. Il construit alors à Aix-les-Bains plusieurs hôtels de luxe et l’Hôtel Thermal, ainsi que l’établissement thermal d’Évian. Dans un marché en rapide expansion, il réalise notamment en 1913-1914 un pont en béton armé selon le procédé Hennebique comportant une arche très surbaissée de 95 m de portée et franchissant le Rhône entre les communes de Peyrieu (01) et de La Balme (73) (ce pont sera détruit en juin 1940), et développe plusieurs projets hydro-électriques dans les Alpes, en Maurienne, en Tarentaise et dans la Romanche. 

Devenue une société anonyme (1920), l’entreprise participe à la reconstruction de Reims, et s’installe à Paris (1925), où elle construit la salle Pleyel (1927) selon les plans de l’architecte Jacques Marcel Auburtin.  Après cette période d’essor continu, l’entreprise Léon Grosse subit les contrecoups de la crise financière de 1929, du Front populaire, puis de la Seconde Guerre mondiale. En effet, le fils de Léon Grosse, Jean Grosse (1893-1977) qui prend les rênes de l’entreprise en 1941 refuse de participer à la construction du Mur de l’Atlantique, ce qui nuit à l’activité de l’entreprise, qui profite ensuite de la période de reconstruction à partir de 1944. 

Léon Grosse (1925 – 2014) est né à Aix-les-Bains le 16 novembre 1925. Il est le fils de Jean Grosse, et en 1950, dès sa sortie de l’ESTP, rejoint l’entreprise où il débute comme conducteur de travaux. Pendant cinq ans, il se confronte aux réalités du terrain, avant de prendre la direction de l’agence de Paris. Nommé directeur général en 1962, il succède en 1968 à son père, à la présidence du groupe. Avec la complicité de son frère Bruno, vice-président directeur général, il met tout en œuvre pour développer l’affaire familiale en surfant sur la croissance des Trente Glorieuses. Jusqu’en 2014, Léon Grosse en a incarné les plus belles étapes du développement et l’a hissée dans le sillage des majors du BTP, tout en préservant son indépendance.

Sous la direction de Léon Grosse, l’entreprise construit, dans toute la France, des bâtiments prestigieux qui témoignent des évolutions successives de l’entreprise, et ouvre de nombreuses agences en France.

En accompagnant, à partir de 1959, la croissance du groupe Nouvelles Galeries-Uniprix à travers toute la France, elle conduit son bureau d’études à résoudre des problèmes de construction complexes et s’illustre, en 1969, avec “Cap 3000”, le plus grand centre commercial d’Europe de son époque, à Saint-Laurent-du-Var (06), avec une surface de plancher de 55 000 m2. Grâce à l’anneau de patinage de vitesse construit en 1966 à l’occasion des Jeux Olympiques de Grenoble (38), l’entreprise marque l’histoire du bâtiment en réalisant la première surface sans joint de dilatation. En 1970, on retrouve l’entreprise sur le chantier de la tour Super-Italie, à Paris, un Immeuble de Grande Hauteur de 112 m de haut conçu par l’architecte Maurice Novarina. 

En 1980, en réalisant pour EDF l’usine de l’Eau d’Olle, près de Grenoble, Léon Grosse scelle la renaissance du département “TP” qui est alors créé en 1977. A partir de 1990, les capacités financières de l’entreprise lui permettent de concurrencer les grands groupes. L’hôpital Robert-Debré (1982-1988), la piste de bobsleigh, luge et skeleton de La Plagne (1992), la rénovation de la Grande Galerie du Muséum d’Histoire Naturelle à Paris (1993), la construction de la couverture des quais de la gare TGV de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry sur les plans de l’architecte Santiago Calatrava (1994), l’édification de la tour du Parlement européen de Strasbourg en 1998-99 marquent l’histoire de la société. 

En 1970, le chantier de la tour Super-Italie, à Paris.
Le stade Jean Bouin recouvert d’une enveloppe en résille de béton fibré à ultra hautes performances (Architecte Rudy Ricciotti / Photo EGF)

Autres belles références, le centre pénitentiaire de Saint-Denis-de-La-Réunion (2012) qui a aidée l’entreprise à remporter le concours en conception-réalisation du centre de détention de Polynésie française (2016), et le siège de l’IFSTTAR (Institut Français des Sciences et des Techniques des Transports, de l’Aménagement et des Réseaux) à Champs-sur-Marne incluant une plateforme d’essais des structures (2010-13).

L’entreprise s’illustre également en réalisant le terminal 4 de l’aéroport Charles-de-Gaulle en 2012, et la même année le stade Jean Bouin, à Paris, véritable concentré d’innovations ; cet équipement, conçu par l’architecte Rudy Ricciotti, est couvert d’une enveloppe en résille de béton fibré à ultra hautes performances, qui a permis à Léon Grosse de faire preuve d’une grande audace technique, comme l’avait fait son grand-père, 100 ans plus tôt, en adoptant le procédé Hennebique.

Léon Grosse décède le 18 novembre 2014 à Neuilly-sur-Seine, à l’âge de 89 ans. Son fils Bertrand Grosse lui succède en 2015 à la présidence du directoire.