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LAFFAILLE Bernard

(1900 – 1955)

Créateur de nouvelles techniques architecturales : les couvertures en voiles minces et les « V Laffaille »

Bernard Laffaille est né le 2 avril 1900 à Reims. Il obtient son diplôme d’ingénieur de l’Ecole centrale des arts et manufactures, en 1923. Jusqu’en 1932, il exerce comme ingénieur d’entreprise, puis directeur technique et cogérant de la société « Construction de couvertures et charpentes en ciment », et ceci, avant de lancer son activité d’ingénieur-conseil pour le compte des établissements Sainrapt et Brice (1932-1933), Rouzaud et fils (1933-1938) puis Delattre et Frouard.

C’est à cette période qu’il développe les propriétés constructives des surfaces gauches en coque de béton armé, réalisant les premiers conoïdes (1925-1928) sous forme de sheds, puis les premiers paraboloïdes hyperboliques (1933). Puis il oriente ses travaux vers les structures métalliques autoportantes et les couvertures suspendues (hangar d’aviation de Cazaux et de Dijon, 1935-1936).

Avec le pavillon de la France à la foire de Zagreb (1936), Bernard Laffaille conçoit la première couverture « prétendue » moderne, principe qui le conduira à l’invention de la « selle de cheval suspendue ».

Parallèlement, Bernard Laffaille développe ses idées dans le domaine de la préfabrication lourde. Dès 1934, il conçoit le « V Laffaille » : un poteau en béton armé en forme de V ou un trumeau plissé à section en V possédant une grande résistance au flambement pour un faible volume de matière. Après la guerre, il l’utilise largement pour construire des rotondes SNCF pour locomotives (Laon, Hirson, Longueau, Chalindrey, Villeneuve-Saint-Georges, Avignon) et pour édifier l’église Notre-Dame de Royan (architectes Guillaume Gillet assisté de Marc Hébrard, 1953-1958). La structure de cette dernière est composée d’une alternance d’éléments en V en béton précontraint, et comporte une toiture en « selle de cheval » (paraboloïde hyperbolique) dont l’épaisseur de seulement 8 centimètres représente une prouesse pour l’époque. Bernard Laffaille couvre également d’une coque mince la chapelle des dominicains de Lille et la petite église Notre-Dame-de-la-Paix de Villeparisis (architecte Maurice Novarina).

Après la Seconde Guerre mondiale, il créé divers bureaux d’études et sociétés qui ont pour but une optimisation des études et la rationalisation du chantier: Institut d’Etudes Techniques et Professionnelles (IETP) en 1944, Société d’Exploitation des Procédés Laffaille (SEPL), Centre d’application d’études mathématiques (CAPEM) en 1949, et société des Bâtiments et des techniques nouvelles (BATEC) en 1952.

En 1951, le futur Cnit de la Défense fait l’objet de nombreux avant-projets, dont celui de Robert Camelot et de Bernard Laffaille, qui propose pour sa couverture une « selle de cheval » en voile mince suspendu à double courbure. Mais c’est aux Etats-Unis, où les mêmes recherches existent, que le prototype verra le jour, en 1953, sur la halle de la ville de Raleigh, capitale de la Caroline du Nord.

En 1954, le voile suspendu en « selle de cheval » semble maîtrisé par Bernard Laffaille. Ce dernier l’utilise sur le chantier du centre-émetteur d’Europe 1 à Felsberg, dans la Sarre où il met en oeuvre une nappe de câbles longitudinaux tendus à l’intérieur de la coque en béton armé et une nappe de 6 câbles transversaux placés sous la coque. La mise en oeuvre s’avère néanmoins difficile, et lors du décoffrage, des fissures apparaissent ; l’édifice sera terminé par Eugène Freyssinet. Mais ces premières erreurs serviront de leçons pour les prochains chantiers qui conduiront son disciple René Sarger (qui reprendra certains de ses projets lors de sa disparition prématurée) à expérimenter les premières couvertures en résilles de câbles prétendus (pavillon de la France à l’exposition universelle de Bruxelles, 1958).

Mort prématurément le 24 juin 1955 à Paris, Bernard Laffaille laisse une somme de recherches, abouties ou en devenir, qui seront au cœur des réalisations architecturales des années 1950 et 1960.