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Le pont transbordeur de Rochefort-Martrou (1901)

Jusqu’en 1900, un bac permet de relier les deux rives de la Charente, entre les villes de Rochefort et d’Échillais. Cependant les conditions météorologiques et le phénomène de marée freinent la bonne marche de ces navettes. La construction d’un pont est alors envisagée afin de remplacer le bac qui ne peut plus répondre à une circulation de plus en plus importante.

A cette époque, les grands voiliers ont une grande importance stratégique et économique. Le défi est de trouver un système de pont qui permette la traversée des personnes sans gêner la navigation maritime, notamment les navires de l’Arsenal de Rochefort. La Marine impose une hauteur libre de 50 mètres au-dessus des plus hautes eaux. Plusieurs projets sont envisagés dont la construction d’un tunnel, mais c’est finalement le projet de Pont à Transbordeur proposé par Ferdinand Arnodin qui est retenu en 1897.  Le concept consiste à franchir un cours d’eau sur une nacelle en mouvement suspendue à un chariot roulant sur un tablier en hauteur.

Les travaux débutent en mars 1898 et vont durer 27 mois. 

Les pièces métalliques du Pont Transbordeur sont préfabriquées dans l’usine d’Arnodin à Châteauneuf-sur-Loire et ensuite expédiées par chemin de fer à Rochefort. Les travaux débutent par le creusement des voies d’accès côté Échillais.

Deux massifs d’ancrages maçonnés sont construits de chaque côté de la Charente, un à Échillais et l’autre à Rochefort. L’entreprise rochefortaise Dodin va effectuer ces travaux. Simultanément on creuse les fondations pour les piles du Pont. Il faudra atteindre 19,50 mètres côté Rochefort et 8,50 mètres côté Échillais pour trouver un sol assez solide, capable de supporter les 700 tonnes de la structure.

Les quatre pylônes sont ensuite montés par les ouvriers de Ferdinand Arnodin en quatre mois et sept mois seront nécessaires pour installer le tablier.

Les principales caractéristiques du pont :

  • Matériaux de construction : acier (câbles, tablier, pylônes), béton (fondations), maçonnerie (massifs d’ancrages)
  • Hauteur des pylônes : 66,25 mètres 
  • Longueur du tablier : 175,50 mètres (portée principale 139,916 mètres – largeur de la poutre 8,00 mètres – hauteur au-dessus des plus hautes eaux 50,00 mètres et 48,50 mètres de la pile au tablier)
  • Espace entre les piles : 129 mètres
  • Espace de quai à quai : 150 mètres
  • Poids : 700 tonnes

Le Pont Transbordeur a coûté 586 500 Francs de l’époque. Il est livré au public le 8 juillet 1900 et il est inauguré le 29 juillet 1900.

Dans les années 1960, la nacelle du Pont Transbordeur ne peut accueillir que 12 voitures. Même si les autocars et les camions peuvent également l’emprunter, l’axe routier reliant La Rochelle à Royan est de plus en plus fréquenté. Durant les congés d’été, les files d’attente interminables  s’allongent pour accéder à la nacelle. La traversée demande parfois plus de deux heures.  Le pont transbordeur est alors fermé le 4 février 1967 et il est laissé à l’abandon. N’étant plus entretenu, Il se dégrade au fil des années et les autorités souhaitent le détruire. Une campagne de sensibilisation est alors lancée. et permet au Pont Transbordeur d’être classé Monument Historique en avril 1976. Bien que sauvé à priori de la destruction, l’ouvrage  représente un véritable danger pour la circulation maritime mais aussi les riverains.

Le pont transbordeur (en arrière-plan, le viaduc de la Charente ou de Martrou)

Le Transbordeur de Rochefort-Martrou existe toujours et c’est le dernier ouvrage de  ce type en France. Jusqu’en 1967, il a révolutionné les modes de franchissement de la Charente. 
Une première restauration est lancée en mars 1990 et le pont est ouvert aux piétons et cyclistes en 1994. Une nouvelle cure de jeunesse est effectuée entre 2016 et 2020. L’entreprise Baudin Châteauneuf est en charge des travaux sous la responsabilité du maître d’œuvre, Philippe Villeneuve architecte en chef des Monuments historiques. L’objectif principal de ce nouveau chantier d’envergure est de restituer l’état originel du tablier imaginé en 1900 par Ferdinand Arnodin. Le tablier est démonté puis remplacé par un nouveau tablier construit sur le site même en 2018. En mars 2019, il est hissé entre les pylônes du Pont Transbordeur. Les éléments les plus sollicités du Pont Transbordeur sont remplacés : le tablier, les escaliers de service, les câbles de suspension, les selles en tête de pylône, les roues du chariot de la nacelle. La nacelle, datant de 1993, est aussi restaurée et le Pont est repeint dans sa couleur d’origine : le noir.

Au total, ce dernier chantier de restauration du pont transbordeur représente un investissement d’environ 23,7 millions d’euros financés par le ministère de la Culture et de la Communication et la Direction générales des Patrimoines. Après quatre années de chantier, le Pont Transbordeur ouvre de nouveau aux piétons et cyclistes le mercredi 29 juillet 2020.

Les principales dates :

  • 1887 : dépôt du brevet de pont transbordeur par Ferdinand Arnodin ;
  • 1898 : début des travaux pour remplacer le bac qui ne répond plus  à l’intensité du trafic ;
  • 1900 (8 juillet) : mise en service (inauguration le 29 juillet après 27 mois de travauc) ;
  • 1912 : l’aviateur Lucien Deneau passe sous le tablier ;
  • 1933 – 1934 : poutres du tablier et suspension remplacées et modifiées ;
  • 1966 : le pont sert de décor naturel aux premières scènes du célèbre film de Jacques Demy « Les demoiselles de Rochefort » ;
  • 1967 : fermeture du pont qui est abandonné au profit d’un pont à tablier levant situé légèrement en aval ;
  • 1976 (30 avril) : classement du pont au titre des Monuments historiques ;
  • 1990 : début de la réhabilitation du pont transbordeur ;
  • 1991 : mise en circulation du viaduc de la Charente et destruction du pont à travée levante ;
  • 1994 : fin de la réhabilitation du pont transbordeur et réouverture uniquement aux piétons et cyclistes ;
  • 2000 : le pont fête ses 100 ans ;
  • 2016 : fermeture du pont pour permettre sa restauration ;
  • 2016 – 2020 : travaux de restauration du pont transbordeur et de sa nacelle ;
  • 2020 (29 juillet) réouverture du pont transbordeur pour les piétons et cyclistes.

Les successeurs routiers : Le pont Levant de 1967 puis le viaduc de 1991.

Le pont levant qui a remplacé le pont transbordeur en 1967 est un ouvrage métallique de type Warren de 92 mètres de portée. Deux pylônes en béton armé de 45 mètres de hauteur constitués de deux fûts creux reliés en partie haute par une traverse permettent au tablier de s’élever jusqu’à dégager le gabarit fluvial. L’ouvrage est encadré de deux viaducs d’accès de 90 mètres de longueur.

Malheureusement pour ce 2ème pont, la circulation n’ayant pas cessé d’augmenter les files d’attentes deviennent à nouveau interminables. Il est alors décidé de réaliser un viaduc pour franchir la Charente et permettre au trafic routier et fluvial de cohabiter. Ce 3ème ouvrage, à poutre caisson en béton précontraint de hauteur variable, mis en service en 1991, est construit à 150 mètres en aval de la travée levante. Le pont levant est ensuite détruit. 

Pont levant de 1967 à 1991 (en arrière-plan, le pont transbordeur)